Entretiens

Michael Laitman

Traduction : Nelly  Baron, Paris


Sommaire

1 Entretien à l'issue de Iom Kippour, 1995
2 A propos de la réincarnation des âmes
3 Entretien à la mémoire de Baruch Ashlag, 1995
4 Entretien au cours du dîner à l'occasion de la nouvelle lune, Tishri 1996
5 Entretien au cours du dîner "Seouda mafseket" avant Kippour, 1996
6 Entretien au cours du dîner de Soukot, 1995
7 Entretien au cours du dîner à l'occasion de la nouvelle lune, Tevet 1995
8 Fête du Nouvel an des Arbres, 1996
9 Dîner à l'occasion de la nouvelle lune, shevat1996
10 La Cabale, une voie vers le bonheur

Ces articles ont été rédigés par les étudiants du Rav Mikhael Laitman
à partir des cassettes audio d'enregistrement d'entretiens et de dialogues.

1. Entretien à l'issue de Iom Kippour, 1995

La prière est le "travail du cœur", elle exprime les désirs provenant du cœur. L'homme n'a pas de pouvoir sur ses désirs, il est ainsi fait qu'il peut rarement savoir lui-même à quoi il aspire, quelles sont ses véritables intentions. La nature intime de sa prière lui échappe à lui-même.

Tout ce qui est exprimé dans un livre de prières constitue ce à quoi l'homme doit parvenir dans ses demandes. Autrement dit, si l'homme travaille sur lui-même pour réparer ses désirs et ses pensées, il parvient en ce qui concerne désirs et des demandes des auteurs du livre de prières, des membres de la Grande Assemblée qui ont rédigé le livre de prières juives voici 2000 ans, au seuil d'un long exil.

Pour parvenir à une harmonie entre les désirs de la personne qui prie et ceux des auteurs du livre de prières, il est nécessaire de passer par de très nombreuses étapes préliminaires, de prendre conscience du mal, de comprendre ce qu'il porte en lui, que nous sommes totalement faits d'égoïsme, et que c'est celui-ci qui est la source du mal. Il faut en prendre conscience et le ressentir au plus profond de ses fibres.

Pour y parvenir, il faut accéder à la connaissance du Créateur car tout se comprend uniquement par comparaison, par contraste entre Ses attributs et les nôtres, lorsque nous avons pris conscience de Sa grandeur et de notre insignifiance. Il faut comprendre et avoir conscience de Sa magnificence, de Son omnipotence. La foi, c'est ressentir le Créateur dans notre être, percevoir Sa présence en nous.

Les âmes passent par les stades suivants :

La phase précédant leur descente dans notre monde.
La phase au cours de laquelle elles reçoivent un certain handicap constitué d'égoïsme, c'est ce que les âmes ressentent comme l'incarnation dans un corps physique à la suite de laquelle "leur univers" se réduit aux limites de "notre" monde.
La phase au cours de laquelle les âmes se perçoivent, elles et l'ensemble de l'univers spirituel, après l'achèvement de la réparation.

La phase qui précède la descente des âmes dans notre monde, ce qu'elles ressentent, est désignée par les termes "olam ein sof", le monde de l'éternité, l'âme reçoit alors la lumière du Créateur sans limite aucune. Ensuite, l'âme est revêtue d'égoïsme, son lien avec le spirituel devient si ténu qu'elle prend la forme d'un corps physique et, après sa descente dans le "olam ha ze", ce monde, elle (l'homme) ne ressent plus le Créateur, n'a plus la perception de ce qui constituait son univers précédemment.

"Ce monde" correspond à la perception de l'état du moment, autrement dit, à cette partie de la création, du Créateur que nous ressentons dans l'immédiat au moyen de nos organes des sens empreints d'égoïsme et que nous désignons par les termes, "notre, ce monde".

Le degré suivant, plus élevé car il s'acquiert par la réparation des organes des sens, car il correspond à une perception élargie de la création que nous conférera leur réparation, est ressenti avant le processus de la réparation comme "le monde futur", autrement dit le monde que nous percevrons par rapport à celui dans lequel nous nous trouvons.

Nous percevons au présent ces deux mondes dans notre corps physique : nous nous percevons nous-mêmes et notre environnement d'une certaine manière, nous percevons "notre, ce monde". Cependant, c'est dans le moment présent que nous envisageons le futur, et la sensation induite par la projection dans le futur est désignée par les termes "le monde futur". Le processus se répète le "lendemain" où le monde futur sera devenu "ce monde", et ainsi de suite.

Une lecture attentive de quelques écrits du Baal Soulam nous aide à comprendre, lorsque c'est nécessaire, le processus dont nous faisons l'objet à chaque moment.

Dans le comportement spirituel de l'homme, l'ascension ne se déroule que selon la ligne "médiane". Progresser "selon la ligne médiane" signifie que pour l'homme "la Torah - le Créateur- Israël" sont objectivement un seul et même tout :

Le Créateur est la source à laquelle l'homme aspire,

La Torah est la lumière qui emplit l'homme au moment présent,

Israël est l'homme lui-même, son désir de s'unir au Créateur.

Comment trois concepts n'ayant absolument aucun rapport peuvent-ils être identiques ? Le but de l'ensemble de la création consiste à créer l'homme dans ce monde pour qu'il s'unisse avec le Créateur tout en vivant dans son corps physique, autrement dit, que l'homme, par ses qualités, s'élève en franchissant tous les mondes spirituels pour accéder au Créateur, et plus exactement, pour que tous les mondes spirituels le pénètrent à tel point que lui et le Créateur ne forment plus qu'un seul et même tout. Ce degré correspond à l'union avec le Créateur, aimer le Créateur, emprunter toutes Ses voies, observer Ses commandements. C'est à ce degré que toutes les qualités, tous les désirs, les attributs de l'homme sont devenus identiques à ceux du Créateur.

La Torah est donnée à l'homme pour qu'il accède à ce degré éternel parfait, pour qu'il réalise le dessein de la Création. La Torah n'est donnée qu'à l'homme après sa descente dans ce monde, après sa pénétration dans l'égoïsme, dans un corps physique, et non aux anges car seul l'homme parmi toutes les créatures est doté d'un égoïsme absolu.

Si l'homme choisit la voie de la Torah, il peut arriver à neutraliser son corps égoïste, ses désirs, de telle sorte qu'ils cessent de faire écran entre lui et le Créateur, c'est alors que se produit l'union entre le Créateur et l'homme, union qui correspond à l'état existant avant la descente de l'âme dans ce monde, avant qu'elle ne soit dotée d'un "handicap" fait d'égoïsme. Qui plus est, en procédant à la réparation de son égoïsme, l'homme peut s'élever sur les degrés de l'échelle spirituelle jusqu'au degré du Créateur. Certaines créatures sont privées d'égoïsme, elles ne disposent par conséquent pas d'outil pour progresser et demeurent à leur niveau initial.

A l'exception de l'homme, toutes les créatures sont dites "spirituellement inanimées, immobiles". Même les anges, les forces divines au moyen desquelles le Créateur dirige la création, ne sont pas des forces-désirs indépendants, mais seulement des exécutants de Sa volonté. L'homme peut en transformant ses désirs égoïstes extraordinairement développés, devenir l'égal du Créateur.

L'âme est une partie du Créateur placée en l'homme. Venant au monde dans une enveloppe faite d'égoïsme, l'homme ne perçoit plus le Créateur ni le spirituel car tous ses organes des sens sont empreints d'égoïsme, de qualités opposées au spirituel. En transformant son égoïsme en altruisme, l'homme se sépare de son enveloppe faite d'égoïsme et commence à percevoir la création dans son authenticité au point que plus rien (plus aucun désir, plus aucun attribut égoïste) ne le sépare du Créateur. C'est alors que les trois concepts s'unissent.

Notre tâche est d'éliminer, à l'aide de la Torah, les obstacles entre les âmes et le Créateur. De toute l'étude de la Torah, c'est la Cabale qui est de la plus grande efficacité car elle attire sur l'homme un rayonnement de la plus forte intensité au moment de son étude.

Il n'y a pas de mouvement dans "l'espace" spirituel, d'un monde vers un autre, il n'y a que des transformations d'états intérieurs qui nous permettent de voir notre enveloppe intérieure. C'est le Créateur que nous percevons, mais cette perception est filtrée par les écrans que sont les diverses manifestations de notre égoïsme. La perception du Créateur, la perception de la création, de l'espace dans lequel nous nous trouvons se révèlent à mesure de leur suppression, mais nous n'en avons pas conscience. Les graduations, les portions d'égoïsme que nous retranchons de nous, les graduations de la réparation correspondent aux degrés de l'échelle spirituelle ou mondes. Autrement dit, les mondes ne sont rien d'autre que les graduations de la perception que nous avons du Créateur.

L'égoïsme qui parasite notre perception de la vraie connaissance n'est présent qu'en l'homme, le Créateur ne peut pas en faire preuve car la perfection et l'ouverture caractérisent Sa relation à l'homme. La dissimulation est éprouvée ou non par l'homme uniquement qui se dissimule à lui-même les mondes, comme s'il se cachait derrière les voiles constitués par son égoïsme.

Le retranchement de l'égoïsme ne s'effectue pas d'un seul coup. Au début, le Créateur donne à l'homme des périodes qui correspondent aux vies dans ce monde, comme une chance pour s'élever. A part l'incitation initiale qui le fait aspirer au spirituel, c'est l'homme qui est ensuite maître de tout le processus. Au cours de chacune de ses vies, l'homme doit retrancher de lui une certaine partie de sa nature égoïste et se rapprocher un peu plus du Créateur. Ces vies se répéteront tant que l'homme n'aura pas effectué sa réparation de telle sorte que ses désirs désignés en Cabale par le terme "corps" ne constitueront plus une barrière entre lui et le Créateur, moment où ses attributs l'uniront au Créateur, indépendamment du monde dans lequel il se trouve physiquement.

Quitter son enveloppe égoïste est désigné par les termes "mort terrestre" à laquelle succède une nouvelle naissance dans notre monde. Les parties réparées de l'égoïsme de l'âme générale fusionnent, et il se produit comme une sorte de "redistribution" car toutes les âmes constituent une seule et même création et les enveloppes, un seul et même égoïsme. Ce n'est que pour qu'il soit possible de procéder à la réparation de l'âme générale qu'il s'est produit un fractionnement de la création seule et unique, l'âme d'Adam, en parties, en âmes individualisées car il est plus facile d'effectuer la réparation de chacune de ces parties que du tout.

Ceci explique le mouvement des âmes d'un monde vers un autre et le processus de leur réparation. A la fin de la réparation, toutes les âmes individualisées seront unies à nouveau dans un désir général, l'âme générale recevant toute la lumière du Créateur, manifestation de Sa perfection.

Il n'existe que le monde de l'infini, le monde de l'union totale avec le Créateur. En dehors de ce monde, ce que perçoit l'homme ne sont que des fragments de la perfection infinie, du Monde de l'Infini.

Un fragment du monde de l'Infini est désigné par les termes "Homme primordial", le deuxième Bria, le suivant Ietsira, puis Assia. Le fragment le plus petit, le plus "étroit", correspond à notre monde. Autrement dit, le monde de l'Infini tel que nous le percevons au moyen de nos sens, se contracte jusqu'à la taille de notre monde. A mesure de l'élargissement de notre perception, nous pouvons appeler ce monde, par exemple, le monde de Bria, etc. Tout dépend de l'étendue de notre perception.

L'objet de nos études se réfère uniquement à l'homme. Hormis l'homme et ses sensations, il n'existe que le monde de l'Infini. Les réparations dont doit faire l'objet la Malkhout du monde de l'Infini désigné par les termes "âme", "création", sont très nombreuses. Rien n'est créé en vain.

Le Baal Soulam cite l'exemple d'un petit insecte dans la jungle, à la recherche toute sa vie de sa subsistance et dont pratiquement personne ne connaît l'existence. Cependant, non seulement cet insecte mais aussi chacune de ses parties sont d'une grande importance pour l'achèvement de la réparation.

Rien n'est créé en vain par le Créateur, et tous les événements se produisent en harmonie avec le but dont nous nous rapprochons. Pour ce qui nous concerne, ce processus se déroule selon notre plein gré ou contre, nous le comprenons ou nous y sommes totalement hermétiques. Indépendamment de notre attitude, tout progresse vers l'achèvement de la réparation conformément au projet divin, vers Son dévoilement total aux créatures de ce monde.

Tout comme les diverses parties de la Malkhout du monde de l'Infini qui diffèrent entre elles uniquement par l'intensité de leur désir et correspondent dans notre monde aux divers niveaux de la nature inanimée, végétale, animale, humaine, de même, il existe parmi les hommes divers types, peuples, etc.

Pourquoi beaucoup s'intéressent-ils à la différence entre l'homme et la femme et non à la réparation que doivent effectuer les pierres, celles-ci ont pourtant été placées aussi dans notre monde et doivent aussi parvenir à l'objectif de l'ensemble de la création ? Hormis l'homme, la réparation de l'ensemble de la nature ne dépend que de la réparation humaine.

En travaillant sur lui-même, l'homme "anime" la nature en vue de l'achèvement de sa réparation. Ni les animaux, ni les végétaux n'ont besoin, de leurs propres forces, d'effectuer leur réparation, ils ne disposent pas de libre arbitre, de la liberté de maîtriser leur égoïsme car la Torah ne leur a pas été donnée.

Pour ce qui concerne les hommes, tous n'ont pas reçu la Torah de notre monde de manière identique : les peuples du monde ont reçu 7 commandements, les Juifs 613. Il s'agit de l'observation physique des Commandements au niveau spirituel-inanimé. Les hommes observent ces Commandements de manière différente, tout dépend de la quantité de réparations que chaque âme doit effectuer en descendant dans ce monde. Il n'y a aucun privilège à naître parmi les nations ou parmi le peuple juif, l'un doit effectuer plus de réparations, l'autre moins.

Il en est de même pour ce qui concerne la femme et l'homme qui doivent observer l'un et l'autre les commandements correspondant à leur nature. Toutefois, cela ne dépend pas de leur aspiration à se rapprocher du Créateur, et bien des croyants et des non-croyants ne se posent aucune question à propos du Créateur, du dessein de la création, de la réparation.

Ces hommes n'ont tout simplement pas reçu de l'en-haut le désir de se transformer et ils exécutent mécaniquement ce que leur éducation leur a enseigné. Ce sont les gestes mécaniques à exécuter dans notre monde qui différencient effectivement les hommes, les peuples, l'homme et la femme, le petit enfant et l'adulte.

Il est clair qu'un homme qui aspire à s'élever spirituellement, est mû par une force intérieure, c'est qu'il a reçu cette aspiration du Créateur car son temps pour grandir était venu, il sera donc différent d'un autre homme qui n'aura pas encore reçu de l'en-haut un désir de cette nature.

C'est la raison pour laquelle, il ne faut pas diviser les hommes selon leur aspect, leur appartenance raciale ou sexuelle. La question d'étudier la Cabale ne se pose pas. Etudie celui qui a reçu l'appel de l'en-haut, qui aspire à la Cabale et qui désire l'étudier. Les exceptions sont rares, mais il existe des exemples de femmes cabalistes, nos prophétesses, Deborah, Hulda, etc.

Les anges sont des robots qui exécutent un certain travail dans le monde spirituel : ils "déplacent" "quelque chose" "d'un endroit" vers "un autre endroit", rien de plus. Ils ne s'élèvent ni ne descendent sur les degrés spirituels comme les hommes, ils ne grandissent pas spirituellement. Ce sont des forces spirituelles exécutantes qui agissent à chaque degré spirituel.

Les degrés de la prophétie sont les fruits d'un travail sur soi-même. Il n'y dans notre monde que le Créateur, l'homme et la voie selon laquelle l'homme progresse vers le Créateur, voie appelée Torah. L'environnement de l'homme (la société, la famille, les amis) ne sont qu'une enveloppe, un vêtement qui sépare l'homme du Créateur et au moyen desquels Il agit sur l'homme en le plaçant dans des situations complexes, insupportables qui apportent le plus souvent souffrances et déceptions.

Comment pénétrons-nous dans ce monde? Schématiquement, le Créateur extrait de lui une petite partie et y insuffle de l'égoïsme. Après l'éclatement du désir général créé par le Créateur, en petits fragments égoïstes, une réparation progressive permet la création des mondes supérieurs, Atsilout, Bria, Ietsira, Assia. Les "fragments" les plus purs permettent la création des mondes spirituels les plus élevés. Puis, les désirs les plus authentiquement égoïstes, le cœur même de la création, la Malkhout du Monde de l'Infini permet la formation de l'âme de l'homme primordial, Adam qui se divise ensuite en petits fragments, nos âmes.

Les débutants dans l'étude de la Cabale font souvent une confusion à propos de ce qui régit ce monde : "De qui dépendent nos actions, du Créateur ou bien de nous ?" Avant que l'homme entreprenne quelque chose, il doit être persuadé que tout dépend de lui, après l'achèvement de sa tâche, il doit se dire que tout ne dépendait que du Créateur. Si nous agissons ainsi, nous progressons correctement.

Il y a des choses inexplicables qui ne peuvent qu'être ressenties, car l'incarnation du spirituel dans le matériel s'exprime difficilement par des mots. La science de notre monde peut s'expliquer, la science du spirituel également, mais comment expliquer le processus qui a lieu quand un monde prend la forme d'un autre. Toutes les explications cabalistiques ont pour limite l'explication de la fragmentation de l'âme d'Adam. Ce n'est pas que les cabalistes ne veuillent pas donner davantage d'explications, mais parce que cela relève non de l'explication mais du ressenti de chaque homme en particulier.

L'égoïsme est une immense force spirituelle, et nous ne ressentons rien d'autre qu'elle à tel point que nous n'avons même pas idée de ce dont il faudrait nous débarrasser. Pour nous connaître, nous devons nous regarder de l'extérieur, ressentir quelque chose distinct de nous, nous comparer à quelque chose extérieur à nous.

Nous voyons les objets qui nous entourent parce qu'ils sont constitués de ce même égoïsme, sinon nous ne pourrions pas les voir. L'égoïsme comporte plusieurs phases et types. La partie la plus petite, la plus primitive, c'est celle qui ne perçoit qu'elle-même. Il s'agit de la perception qu'a l'homme dans notre monde. Nous sommes tellement égoïstes que nous ne percevons que nous-mêmes.

Quand nous "grandissons" un peu, notre égoïsme dépasse les limites de notre monde au-delà desquelles nous commençons à percevoir le Créateur. C'est alors que notre égoïsme est qualifié de spirituel. L'objet de nos désirs ne concerne plus des plaisirs physiques, "ner dakik", les plaisirs de notre monde, mais les plaisirs spirituels procurés par la lumière du Créateur.

L'homme n'agit que mû par ses désirs conscients ou inconscients. La raison est donnée comme mécanisme auxiliaire permettant de mieux s'y reconnaître dans nos désirs. De ce fait, l'homme ne peut pas être supérieur à ses désirs. Nous pouvons dire que c'est grâce à ses désirs, à "ses émotions " que l'homme agit et il n'en prend conscience qu'ensuite.

Comment prendre conscience d'un événement ? Par les actes accomplis par l'homme, le Créateur manifeste Sa toute-puissance pour que l'homme puisse ensuite prendre conscience et, la fois suivante, agir d'après ses propres conclusions. C'est du Créateur que dépend le fait que nous nous souvenions de notre manière de nos actes, et nos actes seront raisonnables ou bien Il nous enseignera en nous faisant emprunter le chemin des souffrances.

Notre éducation est un processus de chaque instant, mais elle ne nous donne pas la possibilité de nous réparer en quoi que ce soit. Nous devons uniquement prendre conscience que nous sommes des égoïstes absolus et sans force aucune devant notre égoïsme. Le Créateur se charge de tout ce qui ne concerne pas cette prise de conscience. Plus l'homme progresse sur le chemin spirituel, moins l'homme a d'estime pour lui-même, plus il connaît sa véritable nature. Plus le Créateur se dévoile à lui, plus il voit ce qu'il est par rapport au Créateur.

Cette prise de conscience correspond à une progression sur le chemin spirituel. Prenons pour exemple une personne qui aurait réalisé sa réparation à 99 %, la portion de un pour cent non réparée lui apparaît extrêmement agrandie en considération des 99 % déjà réparés. La petite "paille dans l'œil" lui apparaît énorme.

Cette attitude est celle d'un juste, la lumière qui nous illumine est perçue par nous comme lumière et nos propres ténèbres. Autrement dit, nos actions et notre étude nous permettent de prendre conscience du Créateur et de nous-mêmes. Quand l'homme ne perçoit que son insignifiance absolue, il sombre dans le désespoir. Il ne perçoit pas le Créateur, et le monde entier lui apparaît sombre. Si l'homme passe par ces états de désespoir tout en gardant à l'esprit que leur source spirituelle n'est autre que le Créateur à qui il peut adresser des demandes, qu'il peut invectiver, à qui il peut présenter ses exigences, mais qui comprend que tout dépend de Lui, cet homme a déjà pris conscience de son lien spirituel avec le Créateur. Ayant la perception de soi-même et du Créateur, l'homme ne sombre plus dans le désespoir, il comprend que ses états lui sont envoyés temporairement de l'en-haut de manière incontournable.

La façon dont on s'adresse au Créateur Lui importe peu, l'essentiel est que l'homme comprenne qu'Il existe. Le Créateur nous envoie donc des désirs pour que nous ayons envers lui des réactions, que nous nous développions.

L'"Etude des dix sefirot" du Baal Soulam commence par la description des 4 degrés de la création du premier désir, autrement dit par la description de la phase existant avant le commencement de la création. Ainsi que l'écrit le Baal Soulam par ailleurs, ses descriptions correspondent à ce qu'il a perçu dans toute sa grandeur intrinsèque.


2. A propos de la réincarnation des âmes

Qu'est ce que la réincarnation des âmes ? Le ARI écrit dans son ouvrage "La RÉvolution des âmes" : "l'âme d'un tel de "la main droite du premier homme"", autrement dit de ses attributs de Hessed, de la force correspondante. Au moment où s'est produit le fractionnement de l'âme du premier homme et de l'individualisation des âmes, elles se sont "liées" à des corps physiques de notre monde. L'homme peut se sentir doté d'un corps et d'une âme. Toutes les âmes sont liées entre elles et si ce n'était l'égoïsme injecté en nous, toutes les âmes se sentiraient unies en un seul et même tout. Ceci explique le commandement de base relatif à la relation à autrui que nous devons considérer comme nous-mêmes, partant du principe de l'amour universel.

Il n'existe rien d'autre que le Créateur et l'âme universelle, unique, pratiquement fondue en Lui. La réparation consiste à transformer nos propres sensations. Autour de nous, rien de change. Seuls des voiles sont ôtés des nos yeux, et il devient aussitôt clair que nous sommes unis au Créateur. Pour parvenir à cet état, il faut travailler dur, tout résultat dépend de la persévérance. Ce ne sont pas la quantité ni la qualité des connaissances, mais les efforts faits pour parvenir au but qui sont importants.

Que signifie observer un commandement ? Dans notre monde, nous devons observer physiquement les commandements au niveau inanimé et simultanément les observer au niveau spirituel. C'est alors que se réalise une réparation. Apprendre à un homme à observer les commandements n'est possible qu'en procédant à son éducation spirituelle. Cela dépend de son désir. Nous étudions les éléments des commandements spirituels et les méthodes de leur observation, puis, après nous être dotés d'un écran, nous apprenons à observer les commandements à l'aide de cet écran. L'observation d'un Commandement signifie par conséquent recevoir la lumière à l'aide de cet écran.


3. A la mémoire de Baruch Ashlag, 1995

Le Créateur agit sur nous par le biais des divers éléments de notre monde. L'homme doit comprendre que les événements qui lui surviennent ne sont rien d'autre que des messages du Créateur. Si l'homme réagit correctement à l'action divine, il sentira et comprendra clairement ce qu'attend de lui le Créateur au point qu'il aura la sensation du Créateur.

Le Créateur agit sur nous non seulement par le biais des personnes de notre environnement, mais également au moyen de tout ce qui existe dans ce monde. Notre monde est ainsi structuré car c'est par lui que le Créateur peut influer sur nous, nous rapprochant ainsi de l'objectif de la création.

Dans les diverses situations existentielles auxquelles nous nous heurtons, nous ne ressentons pas l'action du Créateur. C'est parce que nos attributs font que nous sommes à l'opposé du Créateur, nous ne pouvons, de ce fait, Le ressentir. Toutefois, dès que l'homme acquiert quelques attributs analogues à ceux du Créateur, aussitôt il commence à Le ressentir en proportion.

A chaque coup du destin, nous devons par conséquent nous poser correctement la question : "pourquoi est-ce que cela m'est envoyé ? Pour quelle raison le Créateur m'a-t-il fait cela ? " Il n'existe pas de châtiment bien que la Torah en décrive une multitude. Il n'y a que "l'incitation " nécessaire pour que l'homme progresse vers la perfection que nous nous efforçons égoïstement de fuir.

La conscience des choses n'est qu'un mécanisme auxiliaire de second ordre qui nous aide à comprendre correctement notre ressenti. Si nous nous imaginons que notre vie est une immense salle de classe dans laquelle le professeur est le Créateur qui possède toutes les connaissances qu'Il tente de nous transmettre dans la mesure dans laquelle nous pouvons les assimiler à chaque moment alors, progressivement, la sensation du Créateur commence à naître dans les organes spirituels des sens nouvellement apparus en nous.

Le Créateur a créé une échelle pour notre ascension. Cette échelle peut même être qualifiée de mobile. C'est cette échelle qui est apparue à Jacob dans son rêve et que nous ont décrite le Baal haSoulam, rabbi Yehuda Ashlag et son fils, Barukh Ashlag.

Nous avons le dos tourné à la source de connaissance que représente cette échelle, et ce n'est qu'en faisant des efforts que nous pourrons nous tourner vers elle et commencer à nous rapprocher du Créateur. C'est pour cela que le Créateur nous envoie des enseignants, des ouvrages et des camarades d'étude et de progression spirituelle.

L'élève qui suit l'enseignement de la Cabale se trouve dans ce monde physique mais, alourdi par son égoïsme, il ne peut pas apprécier et comprendre pleinement les auteurs de cette sagesse qui sont physiquement proches et en même temps évoluent déjà dans les mondes spirituels.

Si l'élève peut faire abstraction de sa raison, de son bon sens, de ses opinions, de ses raisonnements et agir tout empreint de la pensée des auteurs des ouvrages de sagesse authentiques, il peut se lier de manière inconsciente au spirituel.

Nous ne voyons pas, nous ne ressentons pas le Créateur dans notre monde, il n'est par conséquent pas possible que nous puissions obtenir de notre égoïsme de se soumettre au Créateur. La pensée d'un enseignant, d'un maître peut pénétrer l'élève, induire en lui la foi. Cela correspond à l'AHA"P spirituel (de l'enseignant) qui tomberait dans le G"E du niveau inférieur (de l'élève)). Se hisser à l'AHA"P du maître signifie s'imprégner de sa sagesse, de sa pensée. Si l'élève se fond dans l'AHA"P d'un texte de sagesse, il s'élève temporairement et le spirituel lui est montré.

Lorsque nous lisons les ouvrages de nos justes, le Baal HaSoulam, Shimon Bar Yohaï, etc, nous nous lions directement à eux par la lumière environnante, or makif, qui nous illumine alors et purifie nos désirs-récipients.

Il est important au cours de la lecture d'avoir conscience du niveau de l'auteur. Nous nous lions alors non seulement à sa pensée et à son orientation mais également au pont qui peut nous aider à progresser, nous nous lions directement à l'auteur. Il importe peu que l'auteur ne soit plus de ce monde au moment présent, nous pouvons nous lier à lui par notre ressenti, en étudiant ses ouvrages.

Les voies menant vers le Créateur sont nombreuses, de même que Ses outils pour agir sur nous. Toutes les difficultés qui surviennent sur le chemin de l'étudiant, notamment la mort d'un maître, peuvent être considérées comme une transformation à l'échelon individuel.


4. Dîner à l'occasion de la nouvelle lune, tishri 1996

L'univers n'est constitué que de deux composantes : le Créateur et son désir de faire plaisir et la création et son désir d'éprouver du plaisir. Le désir d'éprouver du plaisir réparé au moyen d'un écran anti-égoïste est désigné par le terme "partsouf", élément spirituel. Quand le partsouf laisse pénétrer en lui le plaisir en dédiant cette sensation au Créateur, il réalise le "zevoug de akaa", cette action est désignée par le terme "Commandement".

La lumière qui pénètre le partsouf est désignée par le terme "Torah". Autrement dit, si l'homme imprime à l'observation physique d'un commandement une orientation spirituelle et que, ce faisant, il reçoit à l'intérieur de lui, dans son égoïsme réparé, la lumière de la Torah, il unit en lui deux mondes.

En observant les commandements dans ce monde, l'homme doit encore définir ce qu'il veut obtenir au moyen de ce qu'il observe. L'observation purement automatique ne permet pas la progression spirituelle, mais elle place l'homme au "niveau spirituellement inanimé". Seule l'intention, en fonction de son intensité et de son orientation, fait entrer l'homme dans le monde spirituel et définit son degré spirituel et l'intensité de sa perception de la lumière spirituelle, du Créateur. "Un commandement sans intention est un corps sans âme", autrement dit, il se situe au niveau spirituellement inanimé.

Enseigner l'intention juste constitue l'objet et la tâche de la Cabale, c'est la raison pour laquelle elle représente la partie cachée de la Torah, car chaque homme est seul à connaître son intention, et personne d'autre. Parfois, l'homme lui-même ne peut pas précisément définir ses propres intentions.

Dans sa phase initiale, l'enseignement de la Cabale est basé sur l'étude de l'homme, sur la manière de définir ses véritables intentions. L'homme finit par prendre conscience de son égoïsme et de la vraie nature de son désir d'éprouver du plaisir sans pensée aucune pour autrui ni considération de l'opinion ni du désir d'autrui.

Au début de sa progression spirituelle, l'homme ne comprend pas pourquoi il se lève tôt le matin, étudie, participe à des entretiens. Il le fait inconsciemment. Ce n'est qu'ensuite, quand le Créateur se révèle à lui, qu'il commence à prendre conscience qu'il a été amené à agir ainsi, et tout devient clair.

Les mondes n'existent pas sans l'homme qui en a la perception. Seul l'homme, par sa perception de l'un ou l'autre des fragments de leur lumière infinie et uniforme, appelle le fragment qu'il perçoit "son monde".

A l'inverse, tous les degrés des mondes sont à l'état latent en l'homme. Il s'agit des gradations de sa connaissance du spirituel qui correspondent à l'acquisition progressive, degré après degré, des connaissances dépassant les limites de notre monde.

L'homme est un point égoïste dans la création qui doit mûrir pour progresser spirituellement. Seule la maturation, le point dans le cœur de l'homme qui s'ouvre, correspond à l'incitation initiale, tous les autres actes en découlent.

Nous ne sommes mus que par le désir d'éprouver du plaisir à tous les niveaux de notre développement. Ce désir est désigné par le terme "klipa" (peau, écorce) car cette force protège l'homme tant qu'il n'est pas parvenu à un stade de développement tel qu'il souhaite ôter de lui cette peau pour accéder au fruit. Le fruit, c'est la klipa réparée, le désir de donner sans retour, de faire plaisir, à l'instar du Créateur.

La klipa est une force spirituelle. Le corps spirituel de la klipa se compose, tout comme un corps spirituel pur, d'une tête et d'un corps. La tête de la klipa est désignée par le terme "connaissance", et le corps par "l'action de recevoir". La "tête" d'un corps spirituellement pur est appelée la "foi au-dessus de la connaissance", et le "corps" est appelé "l'action de donner sans retour".

Seule l'étude assidue peut faire sortir l'homme des états dans lesquels il sombre sans rien pouvoir y faire. L'étude quotidienne purifie les pensées, incite au mouvement dans la juste direction.

Question :

Pourquoi disons-nous "lehaïm", à la vie, quand nous buvons ?

Le vin symbolise la lumière de la "Hokhma", la lumière de la vie. Pour souligner que nous recevons cette lumière de la vie au moyen d'un écran, nous disons "lehaïm" pour que la lumière qui nous parvient nous éclaire au nom de la vie, pour que cette lumière ne soit pas reçue de manière incorrecte dans des désirs non réparés, ce qui ferait disparaître la lumière et apparaître la "morte spirituelle".

Question : Y a-t-il de mauvaises questions, des questions inutiles ?

Non, s'il y a une question, cela signifie qu'il y a un désir à la recherche de sa satisfaction, cette question a le droit d'être. Pour ce qui concerne la réponse, c'est plus compliqué. Il n'est parfois pas possible de fournir une réponse claire du fait des différences de ressenti entre celui qui a posé la question et celui qui peut y répondre. D'une manière générale, il n'existe pas de réponses aux questions. Chacun doit répondre lui-même à ses propres questions.

Si un homme éprouve des inquiétudes spirituelles, cela signifie que des liens personnels le relient au Créateur, liens encore peu clairement ressentis, mais des liens tout de même. Personne d'autre que lui ne doit le savoir, d'ailleurs, lui-même ne comprend pas bien ce qui lui arrive.

Le monde spirituel n'est que le désir de recevoir et l'écran, masakh, qui lui est opposé. La prise de décision dans le keli s'effectue soit à partir d'un désir (keli égoïste), soit à partir du masakh (keli spirituel donnant sans retour), soit à partir de leur fusion (keli spirituel recevant).

L'homme doit s'efforcer d'analyser tout ce qui lui arrive, d'accepter tous les événements comme un moyen pour progresser spirituellement. Il n'existe aucune recette, dans chaque cas particulier, l'homme doit lui-même savoir ce qu'il peut et ce qu'il ne peut pas en faisant, dans chaque cas particulier, tous ses efforts et en mettant en application toutes les méthodes indiquées par nos maîtres pour résoudre chaque question.

Quand l'homme voit qu'après avoir essayé tout, il ne peut pas sortir de son petit univers, de son égoïsme, alors il lève les bras et crie vers Dieu pour lui demander de l'aide. L'égoïsme sent alors sa mort et commence à crier. C'est seulement dans cette situation sans issue que le Créateur aide l'homme car celui-ci est alors prêt à accepter l'aide du Créateur.

Nous réussirons tous à réaliser le "gmar tikoun", le parachèvement de la réparation, nous parviendrons tous à notre racine dans "l'ein sof", bon gré mal gré. Tout avance vers la réparation finale, vers la fin de ce monde, de l'existence égoïste, indépendamment de notre désir. La notion de "fin du monde" dans le langage quotidien est radicalement différente de son sens véritable en Cabale.

L'étude des véritables sources peut accélérer notre progression vers le spirituel et nous donner la possibilité de vivre le spirituel dans cette vie. Ce chemin est appelé chemin de la Torah. La progression peut se faire également par les souffrances, en suivant les révolutions de l'âme, de toute façon le résultat est identique.

Le chemin de la Torah ne signifie pas diminuer les souffrances ou chercher à les fuir, ce n'est pas ce qui meut celui qui progresse selon cette voie. L'homme transforme les souffrances induites par le plaisir égoïste insuffisant procuré par les objets de ce monde, en souffrances dues à l'absence de spirituel et, de ce fait, il diminue le temps de son parcourt vers le but.


5. Seouda mafseket avant Kippour, 1996

"Talmid hakham", élève du sage, ces termes désignent celui qui étudie directement auprès du Créateur. Que peut-on étudier auprès du Créateur ? Le seul attribut du Créateur est de faire plaisir à ses créations. Si l'homme désire acquérir cet attribut, faire plaisir au Créateur, comme le Créateur fait plaisir à l'homme, il devient "Elève du Créateur".

A la condition que l'homme fasse des efforts pour travailler, le Créateur entendra sa demande d'aide. Ce processus doit être sincère, ni le cœur, ni le Créateur ne peuvent être abusés, la motivation de la progression spirituelle est une voie intérieure personnelle, inutile de la montrer, elle concerne uniquement l'homme et le Créateur, sinon la prière est vaine. Il n'y a plus de mots là où commencent les impressions spirituelles, l'homme à la recherche du divin ne doit pas parler du niveau où il se situe.

Quand l'homme ne désire rien d'autre que progresser vers le Créateur, quand il dédie toutes ses forces et son temps à sa progression, il obtient une réponse du Créateur à ses désirs.

En premier lieu, l'homme doit connaître ce qui lui est nécessaire pour sa réparation, mais il ne comprend pas pleinement ce qu'est un keli apte à recevoir la lumière divine, ce qu'est la lumière.

Les ouvrages de Yehuda Ashlag et Barukh Ashlag nous donnent des indications et une méthode globale pour progresser spirituellement. Le Baal HaSoulam nous a fourni des précisions sur les orientations qui nous permettent d'entreprendre notre progression spirituelle et nous rapprocher du Créateur.

Pourquoi ne mangeons-nous pas pendant Iom Kipur ? S'il est prescrit à un malade de ne pas manger pendant une journée et de s'habiller en blanc pour guérir d'une maladie, il le fera pour son bien. C'est à ce niveau que se situent les actes de la plus grande partie des hommes vis à vis des prescriptions religieuses.

Les commandements divins doivent être observés uniquement parce qu'ils correspondent à Sa prescription. Nous ne comprenons pas comment le spirituel est lié à notre monde, de quelle manière les mondes spirituels prennent l'aspect du monde matériel.

L'homme étudie : s'il comprend qu'il ne comprend pas, c'est déjà une vérité. Le Créateur lui donne cette impression parce qu'Il souhaite le rapprocher de Lui. Et au contraire, s'il ne désire pas le rapprochement de l'homme, il lui donne la satisfaction dans son étude, son travail, sa famille. La progression n'est possible qu'à partir de la sensation d'insatisfaction.

En général, l'homme est éduqué dans le sentiment de sa propre perfection. C'est de cette façon que les éducateurs privent l'être de toute possibilité de tomber et de s'élever. Dans nos sociétés, l'éducation en général est communément basée sur le principe de sensation d'autosatisfaction. Cela tue l'homme car son égoïsme est satisfait.

Il en est de même dans notre développement spirituel, seul le degré d'insatisfaction définit l'intensité de l'aspiration à aller au-delà des limites de l'habitude et de la paresse, et oblige à s'élever spirituellement.

Seul l'effort individuel, suffisant en quantité et en qualité, permet de parvenir au but que nous nous sommes fixé. Toute forme d'efforts, l'étude, les discussions, la diffusion de la sagesse de la Cabale, etc, apportent un grand bienfait à celui qui en est à l'origine car il est le fil conducteur permettant la connaissance du Créateur dans notre monde.

Tant que les connaissances en Cabale ne sont pas passées par le cœur de l'homme, par son ressenti, elles ne sont pas authentiques. Les sciences peuvent être étudiées sans modifier les qualités humaines, aucune d'elles n'exige d'un chercheur de transformer son regard sur la vie, à corriger les traits de son caractère car elles sont dédiées à la recherche de connaissances sur la partie extérieure de la création, celle qui est dans le s limites de notre petit monde. Cependant, de nos jours, la science commence à découvrir qu'il existe une relation entre les résultats d'une expérience et l'expérimentateur. En Cabale, le chercheur ne peut acquérir des connaissances que si ses qualités sont similaires à celles de l'objet de son étude.


6. Dîner de Soukot, 1995

Toutes les réparations qui se produisent dans le partzouf Z"A du monde de l'Atsilout, le prototype de l'homme dans notre monde, ont lieu dans le processus spirituel désigné par le terme "Soukot".

L'homme, le récipient spirituel, l'âme, est semblable à l'état de Z"A dans le monde de l'Atsilout. La lumière que reçoit l'âme provient de l'interaction de la Bina, de Z"A et de la Malkhout du monde de l'Atsilout.

Yehuda Ashlag dit : "La Souka réunit deux concepts : la nuée qui recouvre et ce qui est utilisé pour la couverture de la Souka, c'est-à-dire des débris végétaux, des branchages. Si l'homme peut se construire une protection similaire vis à vis des plaisirs que lui envoie l'en-haut, alors, au lieu d'une nuée qui le sépare du Créateur, il commence à voir "la nuée de la gloire", il découvre le Créateur".

Le travail de l'homme au moment où il construit la couverture de la Souka symbolise la construction de l'écran, le masakh qui permet de faire refléter le plaisir procuré par la perception du Créateur.

Ce travail est appelé "man de ima", ce qui signifie une prière demandant de recevoir les forces pour s'opposer à l'égoïsme. Si la demande de l'homme est sincère, cette force descend en lui et lui donne la possibilité de recevoir la lumière divine à l'aide de l'écran, la lumière de la sagesse et de la compréhension, la "or hokhma".

Cette lumière porte en elle toutes les informations sur le degré où se situe l'homme, sur les raisons des événements qui lui arrivent, sur le degré auquel il se situe. L'homme, après avoir compris les attributs de ce degré spirituel porte alors le nom de ce degré. Puis, après avoir accédé à un degré encore plus élevé, correspondant à encore plus de perfection, le nom de cet homme change encore, et ainsi de suite. A mesure que l'homme s'élève sur les degrés spirituels, il acquiert de nouveaux attributs.

Les âmes qui descendent dans notre monde ont pour mission de parvenir au degré auquel elles étaient avant leur descente et leur incarnation dans un corps biologique. L'homme a l'obligation durant l'une de ses vies de parvenir, alors qu'il vit dans un corps, et malgré l'opposition de celui-ci, à la racine de son âme, de se hisser au degré spirituel de son âme avant sa descente.

Il y a des âmes qui doivent se hisser à leur degré, et uniquement. Ce chemin, elles le parcourent en s'élevant, conventionnellement, sur les 6000 degrés appelés "années", d'où la notion de 6000 ans d'existence du monde.

Il y a des âmes particulières qui doivent non seulement se hisser à leur degré, mais aussi poursuivre leur ascension dans tous les mondes de ABE"A jusqu'au niveau du partsouf de SA"G du monde de l'homme primordial. Ce niveau est appelé "7000 degrés" ou "7000 ans". Ou bien jusqu'au niveau du partsouf A"B du monde de l'homme primordial, appelé "8000 ans". Ou bien jusqu'au niveau du partsouf de Galgalta, appelé "9000 ans".

Certaines âmes parviennent au niveau de "10000 degrés" ou "10000 ans" et pénètrent par leur connaissance, leur perception, dans le monde de l'Infini.

Une telle âme ne descend dans notre monde qu'une fois au cours de plusieurs dizaines de générations. Dans toute l'histoire de l'humanité, elles sont très rares. Tous les grands cabalistes ont une âme de cette nature.

L'observation du commandement de la construction de la Souka symbolise la fusion du Créateur et de la création au niveau le plus élevé. Comment cela se produit-il ?

Le Z"A qui est constitué de 6 sefirot donne l'orientation en fonction de la provenance de la lumière : le nord, le sud, l'est, l'ouest, le haut et le bas. La Malkhout reçoit la lumière des sefirot de Z"A, de ces 6 attributs. C'est pourquoi l'etrog est d'abord appliqué au loulav, c'est ensuite que la bénédiction est prononcée. Ceci concerne l'observation du Commandement de la Souka et du Loulav.

En aucun cas, la personne qui accomplit un commandement ne doit s'imaginer que par un geste mécanique, elle accomplit des actions spirituelles. L'homme ne peut pas accomplir quoi que ce soit de spirituel à l'aide de ses mains, ses pieds, ses lèvres ! Un acte spirituel ne peut être accompli que par un homme qui s'est doté d'un écran contre ses désirs égoïstes et qui peut recevoir la lumière divine en dédiant ce plaisir au Créateur.

La Fête de Soukot dure 7 jours, à l'image de la pénétration de la lumière dans les 7 sefirot de Z"A de la Bina, à chaque jour correspond un degré spirituel, une nouvelle lumière dans la nouvelle sefira. Le 7-me jour, le jour du déplacement de la lumière de Z"A dans la Malkhout, le jour de la pénétration de la lumière, est appelé "Simkhat Torah", "la Joie de la Torah", car il correspond à l'union de toute la lumière reçue par la Malkhout qui ensuite descend dans les âmes et dans la lumière générale appelée "Torah".

Cette lumière ne pénètre pas dans la Souka, elle correspond à un jour de Fête indépendant. La Souka correspond au passage de la lumière à l'aide de l'écran par le Z"A pendant les sept jours de la Fête de Soukot, Simkhat Torah, quant à elle, correspond au passage de la lumière de la Torah, le Z"A, dans la Malkhout et leur union totale.

La nuit qui précède Simkhat Torah est appelée "Leïl hashana raba". C'est une nuit particulière pendant laquelle toute la lumière environnante se concentre autour de Z"A, comme elle est autour du Z"A, ce degré est appelé "nuit" avant sa transformation en lumière intérieure, en "or pnimi", qui ensuite pénètre dans la Malkhout.

Tout acte accompli dans une intention "dédiée au Créateur" est spirituel, un même acte mais accompli dans une "intention personnelle" est matériel et égoïste. Le cabaliste débutant a beaucoup de difficultés à s'obliger à observer physiquement les commandements, ce que font facilement les personnes religieuses, mais il doit s'efforcer à les observer. Il lui est difficile d'observer les commandements, car le cabaliste analyse tous ses actes, ses pensées, les phénomènes sous l'angle de leur impact sur sa voie, il jauge leur importance dans sa progression, dans sa relation avec le Créateur.

Comme le lien avec le Créateur favorise la concentration de la pensée et les efforts intérieurs contre l'égoïsme, l'homme a bien des difficultés à accomplir des actes physiques soi-disant liés au spirituel.

Aucun acte physique n'a absolument aucune influence sur le monde spirituel, sur le Créateur. La relation de l'homme avec le Créateur ne se fait que par le cœur de l'homme. L'observation mécanique des Commandements est nécessaire car elle correspond au désir du Créateur.

Les efforts dans la lutte avec soi-même contribuent à faire progresser l'homme spirituellement, il s'agit des efforts faits pour se concentrer par la pensée sur l'existence du Créateur pendant l'étude de la Cabale, pour étudier Ses actions, pour parvenir à réaliser le but de la création.

L'égoïsme ne nous permet de faire quelque chose que lorsqu'il perçoit qu'il peut en tirer un certain avantage qui lui procurera du plaisir. Pour avoir les forces pour agir contre l'égoïsme, il faut demander de l'aide au Créateur par la prière. C'est le seul chemin direct, la relation directe avec le Créateur. Progressivement, cette relation devient constante, claire et précise. L'homme commence à percevoir ce qui lui arrive, à comprendre la raison pour laquelle il traverse certains états, il commence à savoir ce qu'il doit faire. Ces états se transforment alors en tremplin pour l'élever sur le degré suivant.

Que veut dire secret, enseignement secret ? Un secret n'existe que pour l'homme qui ne l'a pas pénétré. Il en est de même pour ce qui dans la vie quotidienne est aujourd'hui incompréhensible et le lendemain devenu évident. Seul chaque homme en particulier peut s'ouvrir au secret, faire l'effort pour comprendre correctement ce qui n'était pas clair.

Il n'est pas possible de mesurer les efforts faits pour l'étude car ils sont personnels et concernent la sphère du ressenti que nous ne pouvons pas exprimer, il n'est pas possible de ressentir ce que ressent autrui. D'une manière générale, les efforts faits dans notre monde correspondent à une forme égoïste de nos activités, l'homme qui transforme ses plaisirs en aspirant à des petits fragments de lumière ayant revêtu divers aspect, s'efforce inconsciemment d'attraper celle-ci dans les objets de notre monde, il est mû par ses besoins égoïstes.

En Cabale est appelé effort ce que l'homme n'est pas en mesure de faire sans faire violence à son propre moi. Après avoir essayé tout ce qui était possible, et s'être rendu compte qu'il n'est pas en mesure de faire quoi que ce soit, de bouger de son point de départ, l'homme alors adresse ses exigences au Créateur, c'est une véritable prière, cette prière est un effort authentique.

Seul le Créateur peut nous faire sortir de notre égoïsme, l'homme n'est absolument pas en mesure de le faire. Si l'homme a encore la plus petite l'impression qu'il peut de lui-même progresser spirituellement, qu'il lui reste une possibilité qu'il n'avait pas encore essayée, son égoïsme ne lui permettra pas de crier de toute son âme, authentiquement, vers le Créateur. L'égoïsme ne se soumettra pas à la bienveillance du Créateur tant que l'homme ne sera pas convaincu que s'il n'emprunte pas la voie de la spiritualité, il est mort, et que cette voie ne s'entreprend qu'avec l'aide du Créateur.

Cette voie n'est aucunement semblable aux autres car elle ne permet pas d'escompter le mouvement suivant. Chaque pas se fait dans les ténèbres absolues, inconnues, et à chaque pas il en est ainsi, il n'est pas possible de se servir de l'expérience précédente pour envisager la progression future sinon l'homme avancerait en mettant à profit sa raison et non en faisant abstraction de celle-ci, en plaçant sa foi en le Créateur au-dessus de ses connaissances.

L'authenticité d'un effort et son orientation correcte peut être vérifiée en revenant au Créateur constamment par la pensée. Il faut savoir que chaque nouvelle sensation est envoyée par le Créateur car elle correspond à Son désir. Il nous donne ce que nous pouvons assimiler au moment présent. Ce processus est personnel à chacun et ne se compare pas. Tout ce que nous pouvons réussir à faire, c'est prendre conscience de notre égoïsme, autrement dit voir l'ennemi, le regarder dans les yeux, et non combattre des moulins. Cette étape est commune à tous les hommes, mais elle est perçue absolument différemment par chacun.

Il n'y a aucun lien direct entre l'ampleur de l'égoïsme et la distance du chemin qu'il faut parcourir. Il n'y a rien à y faire de l'extérieur, tout dépend de la force que l'homme place dans sa demande d'aide adressée au Créateur. Cette demande n'est pas facile à formuler car l'égoïsme sent l'humiliation dont il fait l'objet dans la lutte.

Il n'y a cependant pas d'autre voie. Sans l'aide du Créateur et la pénétration de Sa lumière dans le keli, celui-ci ne deviendra pas altruiste, sans les attributs de la lumière, le keli est un désir totalement égoïste visant à éprouver du plaisir, et il n'est pas capable de faire un mouvement vers la spiritualité.

Quand, après avoir essayé toutes les voies, l'homme est convaincu qu'il n'y a pas d'issue, alors son égoïsme lève les bras et il est prêt à accepter de l'aide. Pour parvenir à ce degré, l'homme doit en permanence placer le spirituel très haut dans son estime par rapport au physique, même dans un but tout à fait égoïste pour commencer, comme s'il désirait extraire quelque avantage de la spiritualité.

Nous devons utiliser les instruments dont nous disposons actuellement dans ce monde. Puis, à mesure de la diminution du désir égoïste, il faut utiliser les moyens qui permettent d'entretenir le désir d'étudier la Cabale. Le respect, les honneurs sont des stimuli, le pouvoir ensuite, puis apparaît le véritable désir de ressentir le Créateur. Ensuite, il devient plus important aux yeux de l'homme de faire quelque chose pour faire plaisir au Créateur. Il importera peu par la suite que l'acte soit dédié au Créateur car savoir que tel ou tel acte a été dédié au Créateur est déjà un plaisir.

C'est ainsi que nous ne devons pas lésiner sur les forces et les moyens qui sont entre nos mains. Il faut cependant garder à l'esprit que le Créateur agit sur nous à l'aide des éléments de ce monde dans lequel nous sous situons.


7. Dîner à l'occasion de la nouvelle lune, Tevet 1995

L'aspiration de l'homme au divin, c'est son aspiration, des plus intenses, à se connaître soi-même. L'égoïsme gêne l'homme dans cette aspiration car sa nature le fait aspirer à l'autosatisfaction et à la saturation de ses désirs. Quand l'homme cesse de satisfaire les leurres dans lesquels il se trouve, il se met à aspirer à connaître le Créateur, le point initial de son origine, son authentique nature.

Le Baal Soulam était prêt à parler à tous, à s'occuper d'élèves, il éditait un journal qui a permis de constituer un ouvrage, "Matan Torah" (le Don de la Torah). Il n'a eu pratiquement pas d'élèves qui auraient souhaité étudier.

Le paradoxe, c'est que, autrefois, il y avaient des cabalistes et pas d'élèves, et actuellement, un très grand nombre souhaite étudier, mais il n'y a pas de cabalistes.

Cette situation dans laquelle nous nous trouvons nous est envoyée pour la première fois dans l'Histoire : le besoin d'étudier se développe fortement dans l'en-bas, et de l'en-haut, nous sommes rejetés dans des ténèbres spirituelles de plus en plus denses. Cette situation est bonne car elle témoigne de ce que si notre désir de progresser spirituellement est authentique, nous recevrons une réponse proportionnelle à l'intensité de cette situation. Voici des éclaircissements.

Qu'est ce qui définit la force d'amour entre l'homme et le Créateur ? C'est le degré de souffrance et de passion, la souffrance due à l'absence de lumière dans le keli, et la passion due à la sensation de pénétration de la lumière divine au moment de l'union. Autrement dit, si l'homme peut éprouver en lui de véritables désirs, son désir sera satisfait.

Le problème des personnes qui essaient de pénétrer les mondes spirituels, à les percevoir, est qu'elles font appel à leur raison sans tenir compte du fait que la raison est le produit de notre nature égoïste qui ne permet pas de connaître le monde spirituel. Le débutant en Cabale commence en principe en suivant cette voie. Nous sommes habitués à ce que la prise de conscience des choses soit première, ensuite, nous cheminons en plaçant notre foi au-dessus de la raison, nous commençons à comprendre que le keli rempli d'égoïsme correspond au désir d'éprouver du plaisir, et non à l'intention de faire plaisir au Créateur. Le keli spirituel est le désir de faire plaisir au Créateur par nos actions.

Nous ouvrons des ouvrages, nous étudions, nous essayons de comprendre avec notre tête. Cependant, il est impossible de ressentir ce qui est écrit par l'intellect. Il est impossible également de franchir le portail, le makhsom, qui sépare notre monde du monde spirituel au moyen de la seule prise de conscience.

Notre conscience des choses, notre cerveau sont secondaires car ils traitent l'information et concourent à satisfaire nos désirs, à les réaliser. Le cerveau est un moyen auxiliaire. DÈs que l'homme comprend que l'essentiel pour lui est d'améliorer ses sensations et non pas la conscience des choses, il aperçoit aussitôt le chemin menant vers la spiritualité. Mais c'est une question de confiance et d'habitude.

L'homme n'est pas habitué à faire confiance à son ressenti. Au début, il veut comprendre, puis ressentir et agir. Si le cerveau est un obstacle, pourquoi nous a-t-il été donné ? Pour que tout en y ayant recours, nous progression en plaçant notre foi au-dessus de notre raison, autrement dit, au moyen de notre ressenti. La voie en plaçant la foi au-dessus de la raison est la voie des tests et des erreurs pour que chacun, après avoir commencé à cheminer selon elle, se fasse des bosses et finisse par comprendre que toutes les situations de vie sont une aide du Créateur pour progresser spirituellement.

Il existe toutes sortes de forces envoyées par le Créateur, comme le mauvais œil, la mauvaise langue, etc. qui sont créées pour que l'homme apprenne à se maîtriser. Appliquons la règle d'or "pour progresser vers le Créateur, le secret est de règle". Il faut dissimuler notre but à notre propre égoïsme, à plus forte raison donc à autrui! L'étudiant en Cabale ne doit aucunement se distinguer dans son environnement par ses vêtements, son comportement, parler de ses aspirations aux premiers venus. Si ce principe n'est pas respecté, l'étudiant en Cabale peut attirer sur lui des forces négatives d'une très forte puissance.

Lorsque des étudiants en Cabale se réunissent, ils ne doivent pas parler de leur amour pour le Créateur ni de ce qu'ils éprouvent les uns pour les autres car, ce faisant, ils n'expriment que leur opinion personnelle, leur propre ressenti.

Une distance graduée très précise nous sépare du Créateur. Nous nous situons au plus bas degré, et le Créateur, au degré le plus élevé. Notre tâche est de nous élever vers le Créateur sur les degrés. Il existe plusieurs manières de progresser. L'une d'elle consiste en une incitation provenant de l'en-bas, c'est notre voie : l'homme, sous l'action de l'en-haut commence à aspirer à la spiritualité et à l'élévation, il lit des ouvrages, etc. Il existe une autre voie, l'incitation provenant de l'en-haut, le Créateur nous élève, nous fait progresser vers Lui.

Quelle est la différence entre ces deux voies ? L'incitation provenant de l'en-haut correspond à une élévation constante de l'ensemble de notre monde, indépendamment des aspirations personnelles de chacun.

Ceux qui manifestent une aspiration personnelle sont conduits vers l'étude de la Cabale, et il est préférable pour l'homme de mettre à profit ce qui lui est envoyé, il doit se comporter avec sérieux envers son travail et envers les capacités qui lui sont envoyées.

Nous avons en nous 32 étincelles "lamed bet nitsoutsim, le "lev haeven", le cœur de pierre. C'est ce qui correspond à l'égoïsme qui ne peut être réparé que quand la lumière générale, appelée "Messie" sera réparée. Seule cette lumière peut réparer l'égoïsme. Il nous faut faire preuve de constance pour réparer cette partie de l'égoïsme dans notre monde, dès que le désir naîtra en nous, se produira l'apparition du "Messie", celui qui débarrassera le monde de ses chaînes.


8. Fête du Nouvel an des Arbres, 1996

"Tou bichvat" est la Fête qui couronne notre travail. Au début de son développement spirituel, de son chemin, le cabaliste a l'impression d'être en exil, qu'il descend en Egypte. Toutes les descriptions de la Torah, il les ressent dans son être. Le début de l'année, le point de départ de la naissance spirituelle est Pessah, période où nous Fêtons notre sortie d'Egypte, notre sortie de notre égoïsme. DÈs qu'il s'est débarrassé de l'esclavage de son égoïsme, l'homme commence à percevoir le Créateur.

Cependant, avant de sortir d'exil, il faut que l'homme ressente auparavant, dans toute leur intensité, les souffrances causées par son égoïsme, pour qu'il veuille de toutes ses forces s'en débarrasser, s'en libérer. Ce n'est qu'alors que l'homme crie vers le Créateur pour l'aider à le faire sortir de son exil égyptien.

Après sa sortie d'Egypte, l'homme traverse le désert, c'est la période qui marque le rejet des conséquences de l'égoïsme et la réparation conformément au décompte de l'omer. Quand l'homme sent qu'il n'y parviendra pas par ses propres forces, qu'il ne surmontera pas l'obstacle du désert, il s'adresse à nouveau au Créateur pour Lui demander de l'aide. C'est ainsi que se forme un keli authentique, prêt à recevoir la Torah, la lumière divine. Si l'homme utilise correctement la Torah qui lui est donnée, il recueille les fruits de son travail qui sont désignés par l'expression "Tou bishvat", le nouvel an des arbres. Ce sont les fruits qu'il désire recevoir en rétribution de son travail.

L'homme désire-t-il toujours recevoir une rétribution pour son travail ? Que considère-t-il comme rétribution, le plaisir égoïste ou bien la délectation provenant de la perception du Créateur ? C'est justement pour parvenir à éprouver un désir pur que l'homme doit passer par la phase de sortie d'Egypte et par le désert du Sinaï.

Comment l'homme qui se lève la nuit pour étudier, qui chemine en passant par d'immenses difficultés provoquées par le Créateur même, qui ressent une fatigue chronique, qui ne voit pas les fruits de son travail pendant de longs mois, voire de longues années, peut-il encore demander non pas une rétribution quelconque pour tous ses efforts, mais que cette rétribution soit tout simplement : ne rien désirer pour soi-même ! Et tout ceci, uniquement dans le but d'avoir le sentiment de pouvoir faire ne serait ce qu'un tout petit peu pour le Créateur, pour Lui donner sans réserve.

Chacun de nous est incité de l'en-haut à avancer en se servant de son égoïsme qui lui dresse des tableaux égoïstes de rétribution qui peuvent se comprendre en fonction du développement individuel. Cependant, nous sommes persuadés que nous progressons uniquement parce que c'est nous qui le voulons.

Au bout de ses efforts, l'homme reçoit ce qu'il ne pouvait pas soupçonner et s'il souhaitait devenir altruiste, son égoïsme l'empêcherait alors de faire le moindre mouvement, car son énergie pour agir est générée par l'égoïsme. Tant que l'homme ne s'est pas débarrassé de son égoïsme, il ne peut commettre aucune action altruiste.

Par contre, dès qu'il a réussi à se débarrasser de son égoïsme, l'homme ne peut plus faire un seul mouvement égoïste car les deux mondes sont de nature similaire, ils ne diffèrent que dans leur forme matérielle.

Lorsque l'homme s'obstine à travailler sur lui-même, qu'il se lève quotidiennement très tôt le matin et que le soir il reprend l'étude pendant trois heures, ses yeux finissent par se dessiller. Le Créateur révèle Sa toute-puissance à l'homme qui commence à percevoir le monde spirituel, et tout lui devient clair et simple : l'homme devient un juste car, sensible à l'authenticité de la création, il a conscience combien est juste l'action du Créateur.

Le but semble atteint, l'homme comprend tout, le Créateur lui est révélé, que faire encore ? C'est à partir de ce moment que commence le véritable travail de réparation de l'égoïsme. A chaque degré, les fruits du travail se transforment en outils permettant de s'élever au degré suivant.

L'homme ne peut pas dire qu'il a réussi à s'élever au plus haut des degrés. Toujours, il aperçoit la lumière d'un degré encore plus élevé que celui où il se situe, une aspiration incessante le pousse vers le degré supérieur, vers la source de lumière, vers la délectation procurée par le travail dédié au Créateur. En recevant la lumière pour faire plaisir au Créateur, l'âme humaine, le keli, le récipient, se développe constamment et ne peut exister qu'en éprouvant ce plaisir infini.

Nous sommes structurés de telle manière que nos satisfactions dans ce monde ne sont jamais constantes. A peine a-t-il éprouvé un plaisir, que l'homme cesse dans ressentir la délectation le moment suivant. Dès que la nourriture pénètre dans l'estomac, elle éteint l'appétit, et le plaisir s'émousse progressivement.

Tous les plaisirs que nous pouvons éprouver dans ce monde revêtent des formes diverses, c'est la seule chose qui nous différencie. A l'intérieur de toutes ces formes se trouve la lumière du Créateur à laquelle nous aspirons. Comme nous la percevons à travers une enveloppe, au moyen de nos désirs égoïstes, nous quittons ce monde sans avoir satisfait la moitié de nos désirs.

Dans le monde spirituel, les fruits du degré précédent se transforment en racines qui donneront naissance à un nouvel arbre, et ceci à l'infini. La Malkhout du degré supérieur, sa manifestation au niveau inférieur, est la Keter, l'attribut le plus élevé du degré le plus bas.

Pour parvenir au degré le plus élevé, il faut seulement le ressentir, mais non pas sur la base de connaissances reçues en bas. La découverte d'un nouveau degré est toujours inattendue pour l'homme. Ce processus est infini, il fait partie de la perfection spirituelle.

Pour concrétiser les fruits de son travail qu'il a reçus du Créateur, l'homme organise un festin de "Tou bishvat" fait de fruits que produit notre terre, la terre d'Israël, la source de la terre d'Israël est le monde spirituel. L'homme souligne ainsi qu'il désire se délecter des fruits du monde spirituel.

A "Tou bishat", l'homme renouvelle les fruits de son travail, il doit s'efforcer de faire en sorte que son rapport vis à vis de l'objet de son aspiration, vis à vis du Créateur se transforme en permanence. Nous nous représentons toujours dans notre imagination ce à quoi nous aspirons, même si nous n'en avons pas la connaissance. La représentation mentale, de même que notre rapport vis à vis du Créateur, doivent se transformer, devenir plus authentiques. Nous comprenons ainsi davantage ce que sont les fruits du travail.

Quand l'homme voit avec de plus en plus de précision les fruits de son travail, il perçoit de plus en plus clairement l'objectif essentiel, l'union avec le Créateur, et il fait les efforts appropriés pour atteindre cet objectif.

Rien ne dépend de nous à l'exception de nos efforts et de nos aspirations. MÊme l'impression que nous avons d'aspirer à quelque chose nous est donnée de l'en-haut.

Le Baal Soulam écrit : "Notre monde et le monde spirituel sont séparés par un "makhsom", un écran. C'est comme un mur dans lequel le passage serait complètement masqué. L'homme peut s'approcher du mur, le longer, et c'est au moment où il s'y attend le moins que les efforts qu'il a persisté à faire lui ouvrent une porte donnant sur les mondes spirituels. Auparavant, dans ce monde, en regardant le mur, le passage dans ce mur n'était pas visible, il s'est ouvert au moment opportun " .

La Torah et tous les ouvrages de sagesse, les commentaires, etc., rédigés par nos sages ne parlent pas de notre monde, de nous qui n'avons pas traversé l'écran, le makhsom. Tous les livres de sagesse sont des guides pour la progression spirituelle de ceux qui ont déjà pénétré les mondes spirituels. Les ouvrages de Cabale décrivent les mondes spirituels au moyen de la langue des branches, il nous parlent du dévoilement du Créateur à l'auteur et de la façon dont celui-ci est parvenu à Le ressentir tout en vivant dans ce monde.

Tous les mondes existants se situent à l'intérieur de l'homme, qu'est ce que cela signifie ?

A part l'homme, il n'existe que le Créateur. Tout ce que l'homme ressent à l'extérieur de lui correspond à sa perception du Créateur. Les diverses intensités de perception du Créateur sont appelées "mondes". L'absence totale de perception du Créateur est appelée "ce monde".

Nous nous situons au niveau où nous n'avons même pas l'impression que le Créateur existe, autrement dit nous ne percevons même pas "ce monde". N'avoir la perception que du monde environnant et de rien d'autre est appelé "notre monde". C'est comme un rêve, un état inconscient, une absence totale de lien avec le spirituel.

Tous les mondes existent uniquement par rapport à l'homme, plus précisément, par rapport à son organe spirituel, son 6-me sens, son sens spirituel, de l'âme ou Malkhout. La réaction de l'homme à l'action du Créateur donne l'impression de degré, de niveau spirituel que ressent l'homme. C'est son monde spirituel.

Un récipient spirituel, l'âme de l'homme, est composé de 10 sefirot: les 9 premières sefirot créent les conditions d'existence de la 10-me sefira, la Malkhout, la création. La Malkhout correspond au premier homme, la somme de toutes les âmes. Les 9 premières sefirot créent dans la Malkhout une représentation de l'un ou l'autre des mondes, en fonction des attributs de cette Malkhout. En fin de compte, il n'existe rien à l'exception des 10 sefirot, il n'existe rien hormis la lumière divine et la Malkhout.

L'homme est un keli égoïste créé à partir de la Malkhout. Si ce keli ne se mêlait pas à la lumière, il ne serait pas possible de le transformer, de le réparer et il serait éternellement constant et dans l'éloignement le plus absolu par rapport au Créateur. Du fait de la fragmentation de ce récipient, le keli, il s'est produit une pénétration en force des attributs altruistes divins, des 9 premières sefirot dans les attributs de la Malkhout. La fragmentation du récipient résulte de la "transgression" d'Adam. Ceci a permis de réparer la partie la plus basse de la Malkhout dans laquelle aucun mouvement spirituel ne se faisait ressentir.

L'homme de "notre monde" reçoit d'en-haut l'impulsion pour le faire progresser spirituellement, pour comprendre le spirituel. Par l'étude de la Cabale et la pénétration du rayonnement de la lumière environnante, l'homme commence à réparer et à intégrer dans sa progression spirituelle tous les niveaux de "notre monde" à l'échelon individuel en lui. Comme l'homme comprend tous les niveaux de "notre monde" en lui, il répare ainsi son monde personnel, autrement dit lui-même, et, par rapport à lui, l'ensemble de la Malkhout universelle, constituée de l'ensemble des âmes.

Etre un homme signifie ressentir le Créateur. C'est un point situé dans le keli qui commence à ressentir le Créateur qui est appelé "homme". Avant cela, l'homme est un bipède dressé sur ses jambes. Les principes du bien et du mal sont en lutte permanente en l'homme. A mesure qu'il découvre ces attributs en lui, l'homme commence à prendre conscience de ce qu'est une sefira, un partsouf, de quelle sefira, de quel partsouf et de quel personnage de la Torah il porte le nom. L'important n'étant pas la dénomination, mais la sensation personnelle et la détermination des désirs présents en l'homme, la façon dont ils se transforment du fait de la réparation, disparaissant et se manifestant sous des attributs tout à fait différents.

Toutes les transformations des désirs, d'égoïstes en altruistes, toutes les réparations s'accompagnent d'abattements profonds auxquels elles sont intimement liées. Plus le degré de connaissance est élevé, plus c'est difficile, plus l'homme tombe bas et abruptement dans ses sensations.

Pour accéder à un niveau plus élevé, l'homme doit recevoir des portions d'égoïsme et les réparer, autrement dit, pour se créer un écran. Seule cette force de l'écran ainsi acquis détermine le niveau spirituel suivant de l'homme. Chaque portion d'égoïsme non réparé conduit l'homme à l'abattement, la lumière disparaît, le monde spirituel devient désert et vain. En ajoutant de l'égoïsme à son keli réparé, la lumière disparaît, et sa perte donne lieu à de la souffrance en l'homme.

Si l'homme s'est vu attribuer un égoïsme d'une telle force, cela signifie qu'il lui est possible de le réparer et, en le réparant, l'homme reçoit proportionnellement d'autant plus de lumière divine et il atteint un degré plus élevé dans sa progression spirituelle, et ainsi de suite tant que ses attributs ne deviendront pas similaires à ceux du Créateur, autrement dit, que l'homme ne devienne lui-même l'égal du Créateur de par ses attributs.


9. Dîner à l'occasion de la nouvelle lune, shevat 1996

Quel que soit l'effort que l'homme fasse pour progresser spirituellement, même le plus petit effort, de toute façon, il vise une rétribution. Il ne peut pas en être autrement car sa structure purement égoïste fait qu'il poursuit toujours un but quelconque, sans égoïsme, il ne pourrait pas faire un seul mouvement.

L'homme entreprend son travail à partir du point zéro. Hier encore, il voulait conquérir le monde entier, aujourd'hui, le Créateur lui a dévoilé, au loin, le scintillement de la lumière environnante. L'homme se met alors à aspirer à progresser spirituellement et remplace tous les charmes de ce monde en sensations spirituelles. Ce qu'il cherche à obtenir en progressant spirituellement, il ne le sait pas car la lumière qui scintille au loin n'a pas encore pénétré dans un keli, elle ne lui donne que l'impression d'un plaisir futur lié au spirituel et absent du monde environnant. Cette impression fait agir l'homme. La lumière environnante, "Or makif" agit sur son égoïsme et l'attire vers le spirituel, l'égoïsme est alors son propre fossoyeur.

Au début du chemin, l'aspiration à progresser spirituellement est déterminée par le profit que nous souhaitons tirer du spirituel comme de notre monde. L'homme s'imagine qu'il possède des forces spirituelles qui lui permettront de devenir voyant, de maîtriser le futur, etc. Progressivement, il prend conscience qu'à la place de tout cela, il souhaite dédier toutes ses forces au Créateur, faire de Lui l'objet de ses projets, faire abstraction totalement de lui-même, remplacer sa propre volonté par celle du Créateur. C'est cela la véritable progression.

Il n'y a pas d'autre manière pour progresser, pour transformer l'égoïsme en altruisme que par la voie de la Torah ou par celle des souffrances. Le travail de l'homme qui recherche le lien avec le Créateur, essaie de le ressentir, de le découvrir dans son ressenti, se fait en passant par deux états : la dissimulation du Créateur "ester pashout" et la double dissimulation du Créateur "ester kafoul".

La double dissimulation "ester kafoul" correspond à la cécité totale de l'homme, à la dissimulation totale du Créateur. Pour une personne de ce niveau, seul notre monde existe. Le "ester pashout" correspond au moment où l'homme commence à comprendre que le Créateur agit sur tout ce qu'il fait bien qu'il ne perçoive pas ce processus de manière évidente. Ces impressions disparaissent parfois, et il retombe complètement dans notre monde. Cette succession d'états intérieurs a lieu en lui en permanence.

Toute la lutte de l'homme sur lui-même, la manifestation de son libre arbitre, n'est possible qu'après le dévoilement total du Créateur. Ce degré peut être apprécié par l'homme car il est le seul moyen lui permettant de recueillir des fruits, à induire l'apparition de "pousses de nouveaux arbres" qu'il est d'usage de planter le 15 du mois de Shvat et qui donneront ensuite des fruits de sagesse.

Pour obtenir une rétribution spirituelle, il faut passer par la dissimulation complète qui fait que l'homme avance dans l'obscurité complète, sans rien ne voir, sans rien comprendre, agissant à l'encontre du bon sens. Après le dévoilement du Créateur, l'homme se rappelle avec regret son degré précédent dans l'obscurité complète car dès lors qu'il voit et qu'il ressent la toute-puissance divine, il perd en quelque sorte son libre arbitre.

La toute-puissance divine s'exerce sous deux aspects: universel et individuel. La toute-puissance universelle s'exerce par la lumière environnante sur l'humanité, sur l'ensemble de la nature. Cette toute-puissance conduit le monde selon un plan établi vers le parachèvement de la réparation, vers la prise de conscience que le chemin du progrès matériel et technique comporte des vices et pousse l'humanité dans une impasse. Ce chemin donne une impression de satisfaction extérieure, de profusion et de vide intérieur absolu.

La toute-puissance à l'échelon individuel s'exerce sur chacun de nous par le biais de la lumière intérieure. Celui qui, dans notre monde, entreprend de rechercher le lien avec le Créateur, est sous l'influence de la toute-puissance divine à l'échelon individuel.

Le contact avec les mondes spirituels n'est possible que s'il y a un écran dressé vis-à-vis des désirs égoïstes. L'homme transforme ses attributs d'égoïsme en attributs d'altruisme en fonction de la force de l'écran. C'est dans les kilim réparés qu'il reçoit la lumière de la Torah.

Le chemin de la progression spirituelle est long et laborieux. A chaque degré, il faut renaître jusqu'à devenir semblable au Créateur par l'acquisition d'attributs permettant de s'unir à Lui.

Tou biShvat est le moment où nous nous adressons au Créateur pour Lui demander de nous faire grandir comme on fait grandir les nouvelles pousses, de faire renaître en nous la vraie vie.


10. La Cabale, une voie vers le bonheur

Le problème du développement de l'humanité dans son ensemble est lié aux progrès scientifiques et techniques qui dépassent les progrès moraux. Les fruits du développement des sciences et des techniques ne sont pas toujours entre les mains de personnes dont le niveau moral est en harmonie avec la force qu'ils détiennent. L'utilisation de techniques avancées liée à un niveau de moralité très bas a un impact négatif sur l'environnement et le monde dans son ensemble.

Selon ce principe, Aristote et Platon mettaient en garde sur le choix des élèves qui devait se faire avec la plus rigoureuse attention, en n'acceptant que ceux dont le désir de connaissance était authentique et qui ne transmettraient pas leur savoir à des personnes qui l'utiliseraient dans des buts égoïstes.

Quelques rares unités sont des serviteurs altruistes des sciences et des techniques. D'une matière générale, l'homme n'aspire pas seulement au savoir, mais aussi aux biens matériels, au meilleur financement de ses projets, les résultats des progrès techniques et scientifiques sont vendus parfois pour faire la guerre ou exterminer.

Les sciences et les techniques sont si imbriquées dans la force et le pouvoir qu'il n'est pas possible de les réparer directement. Les prophètes nous disent que la réparation du monde est possible non par le développement des capacités égoïstes et la force, mais par la connaissance des bases et des lois objectives de la création dans son ensemble.

Si l'humanité pouvait acquérir la vue pour voir la source de l'architecture de l'univers, les raisons des événements et les conséquences des actes individuels, des peuples, de l'humanité, chacun en particulier, et tous ensemble, nous aspirerions à modifier notre comportement pour parvenir aux meilleurs résultats. Nous ne pourrions alors plus agir en nous portant préjudice, tout comme l'homme ne peut pas sauter dans le feu ni s'auto flageller.

C'est la raison pour laquelle la réparation de l'homme et de l'humanité dans son ensemble ne dépend que du dévoilement à chacun et à tous de la création pour connaître les relations de cause à effets des phénomènes.

La Cabale a pour objet de permettre le dévoilement des lois uniques de la création pour que l'homme puisse les observer pour son bien. Ce dévoilement, tous devraient y être sensibles, tout comme nous savons tous que certaines actions nous portent préjudice et d'autres nous apportent des bienfaits.

Le terme même de Cabale provient du verbe "recevoir" [lekabel] des connaissances spirituelles parfaites.

Les personnes qui ont découvert pour elles-mêmes ce moyen de recevoir des connaissances sont appelées "cabalistes", "ceux qui reçoivent". A mesure de l'acquisition de connaissances, l'homme vit naturellement en référence à sa nouvelle prise de conscience du monde environnant et il n'enfreint plus les lois de la création, il accède ainsi au niveau de l'infini, de la réalisation sans limites de ses capacités.

C'est la raison pour laquelle les cabalistes manifestent un tel intérêt à la diffusion des connaissances cabalistiques. L'acquisition de ces connaissances permet à l'homme de ne plus agir aveuglément, mû uniquement par son petit égoïsme, disposant de notre monde comme un petit enfant, mais comme un être sain prenant en considération les conditions et les lois de la nature.

Connaître l'origine de l'organisation de la nature de l'univers donne à l'homme la raison pour agir de telle manière que son action sur l'architecture universelle soit positive et n'induise pas des réactions négatives à l'égard de l'humanité et de lui-même. Celui qui accède à un tel niveau de connaissance commence de manière manifeste à prendre conscience de l'impact de tous sur chacun de nous et sur tous, l'homme s'imprègne du sens de la responsabilité de ses actes non seulement vis à vis de lui-même mais aussi du sens de la responsabilité collective à l'égard de l'humanité dans sa globalité.

Qui plus est, cet homme commence à voir l'importance de ses actes dans le contexte de l'humanité non seulement dans le présent mais aussi à tous les degrés : ses actes dans ce monde, alors qu'il se trouve dans son corps physique définit son degré après que son "Moi" a quitté son corps, ils influent et définissent la qualité de son incarnation suivante dans un corps au cours d'une autre migration.

Les mondes spirituels où se situent les sources de ce qui nous anime se caractérisent par l'altruisme. Pour influer sur eux, l'homme doit aussi accomplir des actes altruistes, cela signifie qu'il n'y a pas de place pour la rétribution. Comment l'homme peut-il transformer ses actes égoïstes en actes altruistes? C'est justement quand l'homme voit les conséquences de ses actes sur lui-même, sur ses proches qu'il modifie immédiatement son comportement car sa nature lui interdit de se porter directement préjudice.

On pourra objecter que l'homme se livre souvent à des actions qui peuvent lui porter préjudice, le pousser même jusqu'au suicide. C'est parce qu'il n'a pas conscience des conséquences de ses actes, qu'il désire fuir des souffrances immenses, etc. Mais s'il avait devant lui une représentation authentique de son degré à toutes les époques et la relation de cause à effet de ses actes et même de ses pensées, l'homme ne pourrait pas agir mal du fait de sa nature égoïste, tout il lui serait aussi impensable que de causer du tord à ses enfants.

C'est pourquoi, seul le dévoilement de l'ensemble du tableau de l'univers dans l'espace intemporel, avant la vie dans ce monde et après avoir quitté celui-ci, permet de prendre connaissance de la méthode permettant d'épargner des souffrances à l'humanité, et à chacun de nous en particulier, ainsi que la source du bonheur et de la perfection.

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©